La naissance de l’AIPU a été un tournant dans la vie syndicale au sein de l’UNESCO.
Ce fut aussi la mise en œuvre d’un droit fondamental qui est le droit à la liberté d’association tel que défini par la Convention internationale n° 87 de l’OIT adoptée lors de la 31e session à San Francisco en juillet 1948. Cette Convention dispose en son article 2 que les travailleurs et employés sans distinction d’aucune sorte ont le droit de constituer des organisations de leur choix et de s’y affilier. Plus encore, la Déclaration universelle des droits de l’Homme dans son article 23 paragraphe 4 reconnaît la liberté d’association comme un droit fondamental de l’Homme.
La création de l’AIPU a donc été une réponse à l’aspiration de justice et de démocratie au sein de l’Organisation mais aussi à un désir d’unité dans la diversité.
L’Association a, par ailleurs, mis fin au monopole de l’Association du personnel (STA) qui, bon gré mal gré, était la seule habilitée à représenter le personnel auprès du Directeur général.
En effet, dès l’année 1976, de plus en plus de membres du personnel étaient déçus par le fonctionnement de cette association qui, au regard des nombreux changements intervenus dans l’Organisation, n’était plus en mesure de répondre aux demandes et aux besoins du personnel.
En mars 1976, 329 membres du Secrétariat ont signé une première pétition souhaitant que l’Association du personnel, de par ses statuts, ses règlements, ses objectifs, reflète la diversité culturelle et le sens de l’unité en milieu international.
Les signataires trouvèrent un écho favorable auprès du Comité exécutif fraîchement élu.
L’Assemblée générale ordinaire, devenue pour la circonstance extraordinaire, devait siéger les 22, 23, 26, 29 et 30 avril et les 13 et 17 mai 1976 et créer deux comités de travail : le premier étant chargé d’élaborer le mandat du second.
La révision des statuts s’est révélée être une tâche complexe. Entre 1976 et 1980, se sont succédées des réunions sans fin et des tractations qui n’aboutissaient pas jusqu’à ce qu’il apparaisse, au vu et au su de tout le monde, qu’on était en présence de manœuvres purement dilatoires destinées à empêcher toute modification d’un statu quo largement profitable à certains.
En effet, pendant près de six ans, les diverses tentatives entreprises pour adapter les statuts de l’Association du personnel au présent contexte du Secrétariat, ont toutes échouées. Il a fallu attendre l’année 1980 pour que la situation commence à se décanter. Au mois de mars, quelques affiches discrètes apparaissent, informant le personnel d’une Assemblée générale extraordinaire concernant les statuts de l’Association.
Hélas, à la tribune de l’Assemblée siégeait un Comité exécutif résolument favorable au statu quo. Indignés devant un tel mépris, une centaine de membres du Secrétariat quittèrent ostensiblement la séance en guise de dernier avertissement.
L’Assemblée générale – du moins ce qu’il en restait – prit alors une nouvelle résolution, créant un nouveau comité avec un nouveau mandat qui, par prudence, fut strictement limité à un rôle d’information auprès des membres du Secrétariat, afin de connaître leurs points de vue sur une révision éventuelle des Statuts ; autrement et simplement dit, on efface tout et on recommence.
Face à cette impasse, émerge l’idée de la création d’une association internationale du personnel. En effet, il fallait s’organiser pour bâtir une association plus à même de s’adapter aux évolutions de l’Organisation et de satisfaire les besoins du personnel. D’autant plus qu’il n’était plus concevable qu’un seul groupe culturel domine par sa seule force numérique.
Ce fut donc le point de départ de la deuxième pétition qui a obtenu, en septembre 1980, 408 signatures représentant 83 nationalités différentes, tant au Siège que hors Siège. La conclusion de cette pétition précisait clairement « que tous ceux qui aspirent à la justice et à la démocratie se joignent à nous pour une autre association, pluraliste et démocratique, adaptée aux besoins de tous ».
Conformément aux règles de l’Organisation, le Directeur général a reçu communication de la deuxième pétition vers la mi-septembre, avec une demande de reconnaissance de la représentativité de l’Association internationale du personnel de l’UNESCO.
Cette requête a été présentée lors de la 21e session de la Conférence générale, qui s’est réunie à Belgrade. Les signataires agissaient en tant que mandataires d’un groupe représentant plus de 80 nationalités différentes et animés par les principes de démocratie et de respect des minorités dans tous les organes de prise de décision sur la base d’un consensus. L’objectif visé était également que la vie associative soit structurée sur un fonctionnement harmonieux conformément à l’Acte constitutif et aux idéaux de l’Organisation, à savoir l’exclusion de tout syndicalisme militant de caractère national et la participation à la gestion de l’Organisation.
Il s’agissait donc de créer une Association du personnel qui permet l’expression démocratique et représente la diversité culturelle de l’Organisation dans la détermination de ses objectifs, de son programme d’action et de sa pratique. L’Association serait également décidée à promouvoir une ambiance de travail fondée sur le respect d’autrui et de toutes les différences culturelles.
Dans un esprit démocratique, il a été donné aux différents groupes en présence la possibilité d’intervenir librement durant les débats de la Commission administrative et financière de la 21e session tenue à Belgrade. Plus de 20 délégués ont pris la parole. Après quoi, la Commission a adopté à l’unanimité, avec les réserves d’une seule délégation, le projet de résolution accordant la liberté d’association aux membres du personnel.
Des facilités furent donc octroyées à l’AIPU en tant qu’association représentative du personnel. Le projet de résolution amendant le point 8.1 du Statut du personnel dispose que « [l]e Directeur général assure l’organisation d’une liaison permanente entre le personnel et lui par l’intermédiaire des représentants dûment élus de la ou des associations représentatives du personnel ».
C’est ainsi que, il y a plus de quarante ans, vit le jour l’Association internationale du personnel de l’UNESCO, qui n’a de cesse de se battre pour défendre l’unité dans le respect de la diversité culturelle.
RÉSOLUTION 6/04 DE LA CONFÉRENCE GÉNÉRALE TENUE À BELGRADE DU 23 SEPTEMBRE AU 28 OCTOBRE 1980
« Clubs et associations Unesco
La Conférence générale,
Considérant l’importance croissante du mouvement des clubs et associations Unesco pour sensibiliser l’opinion publique en faveur de l’Unesco et associer à son œuvre des groupes toujours plus nombreux,
Rappelant que le premier Congrès mondial des clubs Unesco, tenu en avril 1978, a unanimement décidé la création d’une Fédération mondiale des clubs et associations Unesco,
Notant que cette Fédération mondiale sera officiellement créée en 1981,
- Remercie le Directeur général de l’appui moral et du concours technique et financier qu’il apporte tant aux clubs et associations du monde qu’à la mise en place de la Fédération mondiale, notamment en application de la résolution 6/32 adoptée par la Conférence générale à sa vingtième session ;
- Autorise le Directeur général à continuer d’appliquer la résolution 2OC/6/32 pour permettre à la Fédération mondiale de fonctionner dans les meilleures conditions d’efficacité et d’assurer ainsi à l’Unesco le concours de jeunes, d’hommes et de femmes de tous les milieux socioculturels ;
- Invite les commissions nationales à renforcer leur aide aux clubs et associations Unesco de leurs pays respectifs, et à accorder leur plein appui à la création et au fonctionnement de la Fédération mondiale des clubs et associations Unesco. »